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mauvaises herbes

PROLOGUE

« Nous prêtons à confusion – le fait est que nous sommes nous-mêmes en croissance, en perpétuel changement ; nous rejetons de vieilles écorces, nous faisons peau neuve à chaque printemps, nous ne cessons de devenir de plus en plus jeunes, futurs, élevés, forts, nous poussons nos racines avec toujours plus de puissance dans la profondeur – dans le Mal – tandis qu’en même temps nous embrassons le ciel avec toujours plus d’amour et d’ampleur et que de toutes nos feuilles, de toutes nos branches, nous absorbons sa lumière avec une plus grande soif. Nous croissons comme les arbres – voilà qui est difficile à comprendre, comme tout ce qui vit ! –
Nous croissons non pas à un seul endroit, mais partout, non pas dans une direction mais tout autant vers le haut, vers le dehors que vers le dedans et vers le bas… »
(Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir)

En mars 2020, le monde entier barricadait ses portes, endiguait les courants d’air, fermait les frontières. Entre nous, humains, animaux, végétaux, des murs semblaient s’élever, des murs construits de manière à ce que l’air lui-même ne puisse plus circuler. Pourtant dans cette atmosphère étouffante, nous avons entendu quelque chose ; quelque chose qui murmurait, quelque chose qui circulait, quelque chose qui fissurait les murs et ouvrait des brèches pour les courants d’air. Cela ressemblait à un appel de la forêt, et nous pensons ici aux chiens furieux de Jack London tout autant qu’à sa conscience politique.


Réinventer une pensée, une approche, une occupation ou un partage de la forêt ; voilà les mots auxquels ont répondu les artistes, auteur.es, poètes, et philosophes sans qui Mauvaises herbes n’aurait pu exister. Dès lors, ces imaginaires, ces expériences, ces réflexions se sont mis à circuler entre nous, à recréer de l’oxygène, à générer, peut-être, une autre atmosphère : hétérogène, formée de mille et un êtres vivants aux formes et aux couleurs changeantes. Un souffle – c’est cela que voudrait être Mauvaises herbes, un souffle traversant, modifiant sa composition à chaque nouvelle lecture, un souffle venu de l’intérieur allant à l’extérieur – et vice-versa.
 

L’hétérogénéité des formes qui nous ont été proposées nous a rappelé l’étendue, l’inventivité, la plasticité de nos rapports aux mondes, et la nécessité absolue de la rencontre – de la rencontre dans la double page ou dans le livre, des rencontres futures que, nous l'espérons, ce livre aura avec d’autres livres dans vos bibliothèques, des rencontres que pourra générer son passage entre des mains diverses, des espaces divers, des atmosphères diverses. Cette hétérogénéité de directions et de formes nous a également rappelés au souvenir d’une certaine forme d’être arbres, d’être forêts ou encore, comme ici, de se faire mauvaises herbes.

 

C’est ainsi que Mauvaises herbes a grandi : croissant non pas à un seul endroit, mais partout, non pas dans une direction, mais tout autant vers le haut, vers le dehors, que vers le dedans et vers le bas. Que cela soit un objet confus, touffu, emmêlé, que cela soit un objet où l’on puisse trouver comme perdre son chemin, nous ne pouvons que l’espérer.

Une publication collective portée par : Artistes & Associés

Sur une idée originale de : Mona Convert

Comité éditorial : Carlos Cavaleiro, Mona Convert, Morgane Galichet

Avec le soutien de la DRAC Nouvelle-Aquitaine

2020

> Lire l'article de Didier Arnaudet dans Junkpage :

" Mauvaises herbes, une pensée du vivant"

> Lire "Couvre-feux" sur La vie manifeste

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